摘要 | Malgré le fléchissement de sa puissance lors de la chute de l’Empire napoléonien, la France retrouva rapidement sa position hégémonique en Europe et sa fierté après le retour des rois. On se rappelle le mauvais accueil que les Parisiens réservèrent aux pièces de Shakespeare, présentées en 1823 par une troupe anglaise. Même si la vogue romantique mettait l’exotisme à la mode, peu d’auteurs français s’intéressaient vraiment à la culture des étrangers et à leurs langues. C’est au moment où la culture française rayonnait d’un éclat irrésistible que Stendhal et Mérimée faisaient figures d’exception. Le deuxième, doué en langues, maîtrisait non seulement l’espagnol, mais étudiait aussi une dizaine de langues rares, telles la langue gitane, le russe, le lithuanien et les langues balkaniques, tandis que le premier s’adonnait à l’italien et l’anglais. L’influence de ces langues est perceptible dans leurs œuvres, non seulement au niveau du coloris imaginaire – Carmen doit son succès à la connaissance approfondie de l’espagnol et de la langue bohémienne, Lokis à celle du russe lithuanien, La Chartreuse de Parme à celle de l’italien –, mais aussi au niveau de la pensée, teintée elle aussi de la mentalité de ces zones linguistiques. Comme la plupart des langues auxquelles ils s’intéressaient étaient celles des pays du Sud, tous deux développèrent une esthétique plus ensoleillée, différente de l’atmosphère brumeuse du Nord. D’un côté, ils combattaient la mièvrerie du classicisme académique, de l’autre, ils prônaient un « romanticisme » (mot italien francisé par Stendhal en 1823), dont l’énergie et la violence marquaient la différence avec le romantisme défendu par Hugo. Selon Humboldt, chaque langue véhicule sa propre vision du monde. L’acquisition d’une langue, qui ne se fera pas sans affecter la langue souche, non seulement rend la communication plus facile mais permet aussi l’accès à une autre mentalité. A l’ère des échanges culturels, mieux que le tourisme, l’intérêt réel porté aux langues d’autrui témoigne autant de notre ouverture d’esprit que de notre volonté d’être en rupture avec l’esprit de clocher. |
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